JADIS - Looking Backward

Après des années de travail intensif, William Cochet et Seb Jam, le duo derrière "JADIS - Looking Backward", présentent leur projet de film primé qui plonge profondément dans l'histoire et la culture de l'alpinisme dans les Pyrénées. Le film, qui constitue un voyage et une réflexion personnels sur le ski éco-responsable, combine des paysages impressionnants avec une narration calme et une bande-son unique. Pendant le tournage, les réalisateurs ont été confrontés à des défis tels que le changement climatique et les difficultés techniques, mais ils ont également trouvé une profonde amitié et une inspiration dans la beauté sauvage des Pyrénées. Nous vous souhaitons une bonne immersion dans le monde fascinant du pyrénéisme !

Bonjour William, bonjour Seb ! Après plusieurs années de travail, votre film "JADIS - Looking Backward" vient de sortir. Comment vous sentez-vous en ce moment ?

 

WILLIAM :

Libérés ! Nous avons eu tellement de mal à aller au bout de ce projet un peu fou que nous sommes très soulagés. Mais quelle aventure! Il s’est passé tant d’histoires fortes en émotions durant ces 4 dernières années, c’est certain que ce film a créé de belles images mais son tournage restera à jamais un vrai moment de vie et d’amitié qui resteront gravés en nous pour toujours.

SEB :

Rassuré et peut être un peu triste aussi. 

Sur un projet de cette ampleur, on peut parfois s’enfermer dans une sorte de bulle créative ou notre vision du film ne correspond pas à la réalité. Quelques heures avant la première du film à Tarbes, William et moi étions encore en train de douter certains aspects du film et les décisions prises durant cette aventure. Mais la réception du public lors des festivals a été fantastique. Le film a vraiment resonné avec les gens. 

Comme l’a souligné William, le tournage a été une très belle expérience. Cela peut faire un peu cliché mais pour moi le chemin était plus intéressant que la destination. Maintenant que le film est ouvert au public, c’est comme s'il ne nous appartenait plus. Mais c’est bien aussi. Il est temps de penser au prochain projet et de commencer une nouvelle aventure.

De quoi parle le film en bref ? Et que signifie le titre ?

 

WILLIAM :

Jadis parle de l’histoire d’un skieur, moi en l’occurrence, qui se pose des questions sur sa cohérence à continuer le ski alors qu’il vit le plus sobrement possible pour protéger son environnement. Alors, pour trouver des solutions à ces problèmes, il se plonge dans le passé pour savoir comment faisaient les anciens.

SEB :

Jadis veut dire en vieux français : “Dans le temps passé, il y a longtemps, autrefois”. Ce film est un regard en arrière, une recherche dans le temps passé ; des réponses, l’inspiration pour améliorer sa vie d’aujourd'hui et de demain.

Pour ce film, vous vous êtes plongés dans l'histoire de l'alpinisme dans les Pyrénées. Que représentent les Pyrénées pour vous personnellement ? Et qu'est-ce qui vous a le plus surpris ou impressionné lors de vos recherches ?

 

WILLIAM :

Ce massif représente tellement pour moi. Il a su conserver des vallées authentiques, sauvages, une culture forte, une simplicité. Sur tous ces points, les Pyrénées sont remarquables et différentes en plus d’être sublimes. Son histoire est elle aussi très singulière. Par exemple, le Pyrénéisme était davantage un art de vivre qu’un sport. Ces pionniers, aventuriers des premières ascensions, étaient plus des poètes que des conquérants!

SEB :

Ce qui m’a le plus surpris dans nos recherches était l’importance de ce massif Pyrénéen dans l’histoire de l’alpinisme. Le Pyrénéisme étant l’alpinisme des Pyrénées. Ces acteurs, les Pyrénéistes ont eu une influence majeure dans la conquête des sommets en Europe et dans le monde. Par exemple, la première ascension hivernale d’Europe fut accomplis par Henry Russell accompagné de Hippolyte et Henri Passet.

Personellement j’ai choisi, comme William, les Pyrénées comme lieu de vie. Et a chaque sortie en montagne, j’ai été bluffé par la beauté et la pureté de cette nature pyrénéenne. Ce qui me rassure dans mon choix de vie au sein de ce massif. 

Vous avez filmé pour JADIS sur une longue période, en visitant les montagnes à des saisons et dans des conditions très différentes. Quels ont été les plus grands défis pour vous ?

 

WILLIAM :

Il y avait tellement de défi. Le matériel, la météo, le lockdown, une équipe restreinte, ce film complétement fou, les familles qui s’agrandissent... Alors s’il faut en choisir un, je dirais le changement climatique. De manière général, c’est lui qui nous a posé le plus de problème, donc l’être humain se pose lui-même le plus de problème (je sais vraiment pourquoi j’ai choisi mon style de vie)! Faire un film de ski ou même juste du ski en 2024 est devenu quelques choses de très compliqué !

SEB :

Effectivement. C’est toujours plus compliqué de filmer en hiver qu'en été. 

Les 2 premières années ont été assez fluides, à part quelques échecs à cause de la qualité de la neige ou de la météo. La dernière année de tournage fut plus rude parce qu’il nous manquait quelques images clef pour boucler l’histoire de manière satisfaisante. Entre autres, un dernier tournage au sommet de l’Aneto qui nous avait refusé 2 fois l'année d'avant. 

Heureusement que ce 5eme tournages au sommet des Pyrénées fut un succès en 2023. Parce que les conditions de neige en 2024 font bien peur. 

Avez-vous remarqué des caractéristiques du changement climatique lors de vos recherches et de vos nombreuses journées de tournage en montagne ? Existe-t-il par exemple des récits sur les hivers d'autrefois ? Et, le cas échéant, comment les hivers ont-ils changé pour vous au cours des dernières années ?

 

WILLIAM :

Je crois que de ce côté là, il n’y a pas d’équivoque possible. Autrefois, ils skiaient jusque dans les vallées, ils sortaient du train à 800 ou 1 000m d’altitude et partaient skis aux pieds! C’est tout simplement impensable aujourd’hui. Et tout ne fait que s’accélérer. Par exemple, entre notre premier passage à l’Aneto il y a 4 ans et l’ultime l an dernier (car nous y sommes allé 5 fois), une barre de rocher a apparu pour sortir du glacier à cause de sa fonte.

SEB :

Je pense que le plus gros choc visuel du changement climatique entre hier et aujourd’hui sont les grottes Russell. De 1881 à 1890, le comte Henry Russell, pyrénéiste de renom, fait creuser dans le massif du Vignemale un ensemble de sept grottes au sommet du glacier d'Ossoue. Il est impressionnant d'avoir un point de repère, témoin du recul du Glacier.

William, tu es un activiste de l'environnement depuis de nombreuses années, tu as joué un rôle déterminant dans la création de Biomedia et de Bioskieur. Tu es également un athlète VAUDE et un ambassadeur POW. En même temps, tu es un skieur passionné et tu connais très bien la communauté du freeride. Dans le film, vous montrez de manière très impressionnante le conflit entre la "chasse à la poudreuse" saisonnière et - disons - la "question du sens" en ce qui concerne ce style de vie. Quelle voie as-tu choisie ? Comment mènes-tu ta vie ?

 

WILLIAM :

J’ai choisi d’essayer de prendre consience de mes impacts principaux et ceux ci sont dans ma vie de tous les jours. C’est pour cela que j ai changé de vie en créant ma ferme et le style de vie qui va autour pour être le plus sobrement possible. Après, je fais ce que je peux pour continuer à ski le plus simplement et la première des choses était justement de ne plus chasser la poudreuse en arrêtant de se déplacer, j’ai alors dit stop à l’avion  il y a 15 ans. Et j’ai cherché des sponsors éco responsables, alors Vaude était une évidence! 

Nous aimerions encore vous parler brièvement de l'esthétique particulière de JADIS. Je ne connais aucun film comparable - la narration très calme, les paysages impressionnants et la bande-son unique de Louni créent une ambiance très particulière. Aviez-vous cette vision dès le début ? Et vouliez-vous peut-être prendre le contre-pied des vidéos extrêmement courtes et rapides des médias sociaux d'aujourd'hui ?

 

WILLIAM :

Au départ nous voulions quoi qu’il en soit faire un vrai film pour les festivals et donc pour être regardé au calme dans une salle de cinéma. Mais ce n’était quand meme pas vraiment prévu comme ca, nous étions sur un film d’aventure, punchy mais à la maison et avec du matériel étrange! Assez vite, Seb s’est rendu compte que c’était juste impossible de faire ce genre de film à 2 alors comme un grand chef en cuisine, il a vu ce qu’il avait en images dans sa caméra et il a fait sa sauce! Ce résultat est juste le fruit de son talent. 

SEB :

Avant toute chose, je voulais faire un beau film de montagne. Pour capturer et partager ces Pyrénées avec d’autres passionné. 

Il est clair que cela n’est pas un film pour tout le monde. Mais néanmoins, durant nos échanges en festivals, j’ai été surpris par la réception d’une jeune génération de montagnards et de freerider qui justement avait besoin de changement par rapport à ce que les médias moderne leur proposent. 

Le cinéma, de montagne ou d’autre, est un moyen de s’échapper avant tout. Mais il est difficile de s’échapper réellement sur son téléphone.

Il est clair que Jadis est un film, comme d’autre, qui demande a être savouré. Un écran de taille raisonnable, un bon système de son, un verre de votre poison préféré et vous pouvez vous laisser porter durant 38 minutes par les images et le son.

Robin Goldstyn, AKA LOUNI a fait un travail incroyable sur la bande originale. Il a très bien su s’adapter à mon style de montage et certains moments du film ne peuvent plus exister sans sa musique. En tout cas dans ma tète. 

Une chose a savoir sur cette musique de LOUNI: il n’y a pas d’instrument dans ses musiques. Seulement ses cordes vocales. 

Ce film nous a inspirés et nous a beaucoup plu ! Merci à tous pour cela ! Vous voulez dire quelque chose pour conclure ?

 

WILLIAM :

J’espère qu’il inspirera des gens pour aller au bout du changement.

SEB :

J’espère que ce film plaira autant sur la toile que dans les bureaux de Vaude. Si le film motive les gens à sortir, à profiter de la nature et des montagnes. Pour moi, c’est le plus important. Si cela fait réfléchir un peu les gens, tant mieux. 

Site officiel de JADIS. Looking Backward